Le 8 mars 1974, la première troupe de théâtre féministe québécoise, le Théâtre des Cuisines, présente sa première œuvre écrite à douze mains Nous aurons les enfants que nous voulons, revendiquant un accès libre et facile à la contraception et à l’avortement. La deuxième œuvre de ce collectif est le premier ouvrage publié aux Éditions du Remue-ménage en 1976. Cette fois-ci, les autrices y revendiquent la fin de l’exploitation des femmes au sein de leur foyer : « Toutes les ménagères ensemble, on a décidé que ça peut pu continuer comme ça1. » Le trio de collectifs Libérer la colère (2018), Libérer la culotte (2021) et Libérer la paresse (2024) dirigé par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy s’inscrit dans la mouvance d’une telle prise de parole féministe. Ces autrices ont mis sur pied une série de collectifs féminins qui offrent aux femmes un espace de parole pour libérer leur voix face aux attentes démesurées de la société à leur égard, des attentes fondées sur des péchés bibliques : la colère, la luxure et la paresse.. Ainsi, nonobstant les avancées sociales concernant la place des femmes dans la société québécoise, les collectifs féminins contemporains permettent encore aux autrices d’accéder à une certaine forme d’émancipation par la mise en commun de leurs voix, tout en levant le tabou autour de certaines expériences d’oppressions similaires. Ces collectifs légitiment le droit à la jouissance, la dénonciation des violences sexuelles et la répartition équitable de la charge mentale, tout en ouvrant un espace où la solidarité est une force permettant d’exprimer une colère « continue, partagée et sororale2 » motivée par les inégalités et les violences vécues par les femmes au quotidien.
L’évolution des conditions matérielles chez les femmes3
Les premiers collectifs féminins émergent dans les années 1960-1970. Cette dynamique de création s’inscrit dans un contexte de profondes transformations des conditions matérielles des Québécoises au cours de la Révolution tranquille. Cette période est marquée par l’adoption de nouvelles réglementations et par la mise en place de diverses mesures qui modifient le statut des femmes et redéfinissent leurs conditions de vie.
Au niveau fédéral, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau change certaines réglementations qui offrent aux femmes un meilleur accès à la contraception dès 1961. En 1969, le gouvernement modifie le code criminel et décriminalise l’avortement ; une énorme avancée pour la cause féministe. Les femmes bénéficient d’un meilleur accompagnement juridique pour prévenir des grossesses non-désirées ou y mettre fin, ce qui leur permet de se réapproprier leur corps. En juillet 1968, le fédéral modifie la réglementation sur le divorce : les femmes peuvent alors demander le divorce au même titre que leur mari. Toutefois, c’est en 1967 que s’ouvre la commission Bird qui a pour mandat d’étudier la condition de la femme canadienne. En 1970, des recommandations visant à assurer l’égalité des sexes dans la société canadienne sont soumises au gouvernement.
Le gouvernement du Québec adopte également des réglementations permettant l’émancipation de la femme. En 1964, la loi sur la capacité juridique de la femme mariée est adoptée, une modification du code civil québécois concernant le statut des épouses. Elles ont leurs propres responsabilités civiles et financières. Par exemple, elles peuvent s’ouvrir un compte de banque personnel, louer un appartement ou exercer une profession sans avoir à demander l’autorisation de leur mari. La même année, le rapport Parent recommande une réforme totale du réseau scolaire pour que les garçons et les filles aient un accès équitable aux études supérieures. Cette nouvelle possibilité permet aux femmes d’accéder à une multitude de nouvelles carrières. Le rapport permet également la création du ministère de la Culture qui soutient les auteurices et éditeurices à l’aide de subventions et de bourses. En 1967, le gouvernement Johnson instaure un programme d’allocations familiales, s’ajoutant à celui du fédéral et offrant un soutien financier accru aux mères monoparentales. Puis, en 1969, l’adoption de la loi sur l’aide sociale modifie l’approche de la sécurité sociale afin d’en simplifier l’accès pour ces mêmes femmes.
Lors de la Révolution tranquille, le statut de la femme québécoise change : en obtenant davantage de droits et de libertés individuelles, l’accès à la création littéraire est facilité. Il est possible de noter la montée d’un féminisme plus radical, comme le mentionne Josiane Lavallée :
Les années 1960 de la Révolution tranquille se terminent avec la naissance d’un féminisme de plus en plus radical qui s’oppose aux féministes modérées au Québec. Ainsi, en octobre 1969, le Front de libération des femmes du Québec (FLFQ) est créé à Montréal. D’inspiration marxiste, le FLFQ dénonce de manière combative l’oppression des femmes dans leur vie quotidienne. Le Front organise notamment des manifestations et des occupations pour se faire entendre. Ce groupe de féministes radicales est le premier groupe de femmes organisé et autonome à insuffler une nouvelle force et tendance au mouvement féministe des années 1970, plus affirmé et revendicateur que celui de la décennie précédente4.
Ce féminisme radical dénonce de façon combative l’oppression vécue par les femmes. Cette dénonciation transparaît dans la création littéraire et au sein des collectifs qui voient le jour au cours de cette période historique marquée par de profonds bouleversements sociaux.
L’histoire littéraire et les collectifs modernes
De ces avancées politiques, sociales et économiques résulte une arrivée massive des femmes dans le milieu littéraire québécois dès le début de la décennie 1960 :
Entre 1960 et 1985, la production littéraire des femmes a été multipliée par 8, celle des hommes par 3,65 et la production globale par 4,5. C’est donc dire que la production littéraire des femmes a connu une plus forte croissance que celle des hommes, mais aussi une croissance nettement supérieure à l’ensemble de la production5 .
La proportion d’œuvres écrites selon le genre des auteurices a également été sujette à des changements importants. De fait, en 1960, les hommes signaient 80% des œuvres littéraires publiées au Québec alors que les femmes n’étaient responsables que de 20% de la production6. L’évolution se révèle vingt-cinq ans plus tard : les femmes sont maintenant les autrices de 35% des œuvres, contre 65% 7 pour les hommes. Cette croissance se poursuit puisqu’en 2019 : la production littéraire des genres les plus consacrés tels que le roman et la poésie tend vers une plus grande parité qu’auparavant. Les femmes ont effectivement écrit 49% des romans publiés au Québec entre 2017 et 2018 ainsi que 44% des récits et des œuvres poétiques8. L’implantation de maisons d’édition à vocation féministe telle que Remue-ménage ou la Pleine Lune dans le milieu littéraire québécois dès 1975, a mis en place des conditions favorables à l’émergence de l’écriture des femmes. En plus de « devenir les porte-paroles des femmes québécoises en produisant [et en] diffusant des textes féministes [québécois], [pour] assurer la circulation des idées des femmes d’ici9 », ces maisons d’édition remplissent également un rôle d’ouverture atteignant ainsi un objectif à fonction output. Elles offrent « aux militantes [ainsi qu’aux autrices] la nourriture idéologique que constitue les textes féministes européens et américains – par la traduction10 », ce qui leur permet de s’inspirer des travaux de leurs consoeurs et d’atteindre un objectif à fonction input. Les avancées sociales et juridiques survenues lors de la Révolution tranquille ont permis une arrivée massive des autrices dans le milieu littéraire québécois, si bien que les effets de ces modifications sociales se font encore sentir.
Malgré ce renversement, il existe toujours une certaine disparité entre les types de publications littéraires des hommes et des femmes. Les femmes sont majoritaires dans des publications ayant une plus petite valeur symbolique dans le champ littéraire québécois contemporain telles que la nouvelle ou la littérature jeunesse. Le rapport de l’UNEQ de 2019 révèle que les femmes subissent encore des inégalités, que ce soit dans les genres littéraires à faible reconnaissance symbolique ou plus largement au sein de la production littéraire du Québec :
Si l’on considère l’ensemble de la production et que l’on met en relation le nombre de manuscrits déposés et le nombre de publications, les hommes ont soumis 389 manuscrits et comptent 113 publications ; les femmes ont soumis 393 manuscrits et comptent 77 publications. Lorsque l’on met ces chiffres en relation, le taux de publication des femmes est de 19,59 %, contre 29,05 % pour les hommes11 .
Dans ce même rapport, il est mentionné qu’« il faut reconnaître et admettre qu’il existe une disparité. Et pour le reconnaître, il faut documenter le portrait de la situation12 . » Il y a donc encore un besoin de mettre la parole des femmes à l’avant-plan dans la littérature québécoise. Pour nourrir leurs démarches, les autrices des collectifs dirigés par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy ont fréquemment recours à l’autofiction ou au récit de soi. Elles mettent de l’avant les passages de leur existence qui s’inscrivent dans une trajectoire expérientielle féminine. L’écriture autofictionnelle est toujours un acte politique et militant, puisqu’ « être une femme et écrire Je dans la culture […] actuelle est intention, symbole de survie, un acte délibérément transgressif13 ». Elle l’est d’autant plus lorsqu’un groupe de femmes joint ses forces dans l’écriture d’œuvres collectives, ce qui permet à chacune de mettre son agentivité au service du renversement de normes imposées.
Paradigmes symboliques
La transformation des paradigmes et des représentations au sein de la littérature québécoise est une retombée importante de la Révolution tranquille. Historiquement, les femmes ont été considérées comme des êtres incapables de s’éloigner suffisamment de leur corps pour se consacrer à l’écriture. Vues comme des personnes plus près de la nature que de la culture et destinées à la procréation plutôt qu’à la création, elles se sont retrouvées dans une position de non-pouvoir : elles ont été les muses, les objets d’une création menée par les hommes. Elles étaient impuissantes face aux représentations féminines dans la littérature puisque ces dernières ont été façonnées à partir d’une perspective masculine :
[S]i la femme n’avait d’autre existence que dans la fiction écrite par les hommes, on imaginerait une personne de la plus haute importance ; très variée ; héroïque et mesquine ; splendide et sordide ; infiniment belle et hideuse à l’extrême ; aussi forte qu’un homme, certains pensent même plus forte. Mais il s’agit de la femme dans la fiction. Dans les faits, […] elle était enfermée, battue et jetée contre les murs14.
En effet, les femmes, dans la littérature écrite par des hommes, ne sont autres que des images issues d’un fantasme. Puisqu’elles étaient personnages sans avoir l’opportunité d’être narratrices, les représentations réalistes de leurs expériences singulières ont été occultées. Il en résulte des illustrations embellies, romancées, codifiées ou altérées de leurs réalités.
Cet ordre symbolique est altéré par l’arrivée massive des femmes à l’écriture :
L’écriture des femmes de 1960 à 1985 est marquée par l’abandon du paradigme de la féminité (normative, prescrite) et l’atteinte d’un nouvel espace féminin, c’est-à-dire par l’abandon de ce que l’idéologie dominante “ attend ” des femmes […] pour créer de l’inédit, de nouveaux récits, de nouvelles configurations où la femme est sujet de son verbe, narratrice de son histoire, maître de sa vie15 .
Ainsi, lors de la Révolution tranquille, on note un renversement des paradigmes symboliques des genres. Les autrices acquièrent la possibilité d’être le sujet de leur propre création. Elles deviennent les metteuses en scène de réalités féminines complexes et singulières. L’accès à l’écriture leur permet de représenter les dimensions plus sombres des multiples vécus féminins. Ces vécus sont généralement marqués par l’oppression sexiste et les violences de différentes natures.
L’écriture pour transformer le monde
Les mots deviennent des armes pour les autrices de ces collectifs. Elles trouvent, dans l’écriture commune, un espace de liberté capable d’accueillir les récits de leurs expériences. Ces féministes dressent un portrait qui s’oppose aux représentations dépeintes auparavant par les auteurs. Là où ces derniers représentaient la vie des femmes comme enviable ou agréable, les autrices nuancent ces représentations en soulignant les parts plus sombres, ardues et traumatisantes de leur parcours. L’écriture permet la dénonciation et la transformation de la société. À l’instar de Martine Delvaux qui « écri[t] comme un geste qu’on lance16 », pour ces autrices, les mots deviennent des armes grâce auxquelles elles affrontent les normes hétéropatriarcales infiltrées jusque dans les images littéraires féminines construites. Les mots sont « comme [des briques] qu’elles veulent lancer […] contre les institutions17». L’écriture collective fournit un espace où ces écrivaines ont la possibilité de laisser libre cours à leurs émotions refoulées, à leurs insatisfactions et à leur colère. Cette expression émotionnelle devient un levier de contestation du regard traditionnel porté sur les trajectoires féminines et les enjeux qui y sont associés. C’est ce que fait Geneviève Morand en affirmant dès l’introduction du premier collectif :
Je suis vraiment en criss. Toute une société qui échoue jour après jour à protéger les femmes et les filles. Je lui dis quoi à ma fille, si elle se fait violer? Et après ça on va me dire que se faire vengeance soi-même n’est pas la bonne solution ? T’as-tu déjà vu ça, toi, une société de femmes enragées qui ne croient plus au système et se révoltent ? Moi, jamais, mais j’ai déjà senti que je pourrais tuer pour mes enfants. Faque, pousse- moi pas à bout.18
La multiplication de témoignages tisse une toile d’expériences communes permettant la construction de liens de solidarité. L’accolement de récits rapportant des souvenirs similaires démontre que les voix ayant précédemment dénoncé les violences subies par les femmes n’étaient pas, comme le prétendaient les privilégiés, des exceptions dont il ne valait pas la peine de se préoccuper, mais plutôt des vécus dont le caractère commun devient alarmant. En unissant leurs voix au sein de collectifs, les autrices évitent la décrédibilisation, un traitement généralement réservé à celles qui osent écrire des récits qui ternissent l’image promue par la classe dominante. En s’unissant, elles font résonner un discours qui, s’il ne change pas drastiquement le monde, trouble la quiétude des privilégiés.
La disparité orgasmique
Les recherches montrent qu’il existe « [un] abime, [un] précipice, [une] faille abyssale19 » entre les orgasmes vécus par les femmes et ceux vécus par les hommes. Cette disparité s’explique par l’idée que l’ « [on] accorde tout bonnement moins d’importance à la jouissance féminine en générale, et moins encore dans le cas d’une relation sexuelle sans engagement20 ». Les hommes affirment avoir atteint l’orgasme lors de leur dernière relation sexuelle dans 91% des cas alors que les femmes l’ont atteint dans seulement dans 64% 21 . Les données se spécifient selon le type de relation. Dans une situation de relations sexuelles sans engagement émotionnel, les hommes atteignent, en moyenne, l’orgasme dans 44% de cas alors que les femmes ne l’atteignent que dans 19% des cas22. Dans les couples hétérosexuels, le taux d’orgasmes entre les partenaires diffère grandement : les femmes n’atteignent l’orgasme que dans 68% des cas lorsque leurs conjoints y parviennent dans 85% 23. Cet écart mérite d’être abordé, documenté et amoindri. D’ailleurs, l’écriture de collectifs offre aux autrices l’opportunité de libérer la luxure en reconnaissant la disparité. En la nommant « orgasmicide », les autrices amènent le lectorat à s’apercevoir que :
[les] personnes avec un vagin et surtout un clitoris peuvent jouir plusieurs fois de suite. Mais elles jouissent moins souvent que leur partenaire, quand c’est un partenaire masculin. Quand elles se masturbent, les pourcentages remontent. Quand elles sont avec une partenaire, les pourcentages remontent24.
Dénonçant l’écart de jouissance, les féministes révèlent que l’on porte généralement, consciemment ou non, moins d’attention au plaisir féminin. Elles signalent au lectorat, comme le mentionne Lili Boisvert, que : « la jouissance des hommes et celle des femmes ne sont pas traitées avec le même sérieux25 ». En effet, si « [l]’orgasme masculin est primordial et constitue le signe d’une relation sexuelle réussie26 », celui des femmes est souvent « incertain et facultatif27 ». Quelques autrices vont même jusqu’à montrer que certaines femmes ayant internalisé cette prohibition symbolique du plaisir sexuel y renoncent volontairement afin d’éviter de heurter leur partenaire : « Une autre copine m’a déjà avoué que ça lui arrive de faker parce qu’elle ne veut pas que les gars avec qui elle couche aient l’impression d’être de mauvais amants si elle ne jouit pas28». Présenter la disparité organismique existante et mettre de l’avant une tendance qui prive les femmes de leur plaisir constitue un premier pas important vers la déconstruction d’une norme misogyne et sexiste.
Afin d’opérer cette déconstruction, en plus de reconnaître la disparité, il faut admettre les ravages causés par la privation du plaisir et le tabou créé autour de la sexualité féminine. Il est important de reconnaître que ces dernières « [paient] les frais d’une surexposition aux peurs, aux artifices et aux immondices des autres29 . » Seuls les pendants négatifs ou dramatiques de la sexualité leur ont été présentés. Elles se retrouvent avec des leçons apprises par cœur qui ternissent leur vision des rapports sexuels : « Primo, m’organiser pour ne pas tomber enceinte Secundo, me protéger des maladies pouvant entrainer ma perte30 ». L’écriture de collectifs permet aux autrices de mettre en scène des rapports sexuels s’éloignant des schémas imposés qui dictent un mode d’emploi : « 1. Préliminaires 2. Préférable que la fille jouisse, mais sinon, pas grave 3. Montée de l’excitation 4. Éjaculation du gars 5. Fin 31 » opérant ainsi une remise en question des narratifs qui valorisent avant tout le plaisir des hommes. Pour briser le carcan qui encadre la vie sexuelle des femmes, il faut revisiter les traces que les injonctions au tabou ont gravées dans les corps et les esprits. Les femmes doivent mettre en rénovation « la chambre secrète de [leur] désir sexuel 32 ». Ce processus, Catherine Dorion l’aborde en déclarant que « [l]a liberté est un entrainement. Réinventer nos vies sexuelles par-dessus des siècles de honte et de malaise ne sera pas plus facile que de s’entrainer à méditer ou à faire de l’activité physique ou à arrêter de fumer33 ». Ce faisant, l’autrice démontre que la transformation de la vie sexuelle des femmes implique des prises de conscience et des remises en question profondes.
Outre la reconnaissance de l’« orgasmicide » et la mise en avant des ravages causés par les normes imposées, l’atteinte d’un idéal où les femmes ont une sexualité exempte de culpabilité passe nécessairement par la valorisation d’expériences sexuelles positives. Cette transformation peut être provoquée par l’exposition à des modèles féminins épanouis dans leur vie sexuelle. Ces écrits offrent une perspective nouvelle sur la sexualité des femmes. Les autrices mettent de l’avant des expériences sexuelles empreintes de liberté qui incitent les lectrices à assumer leurs désirs charnels :
j’ai voulu jouir pour toutes celles qui me ressemblent et dont les conditions objectives d’existence leur en empêchent. J’ai eu de ces nuits où la lune gonfle, se détourne et rougit pour venger toutes celles sur qui elle ne veille plus. Des orgasmes répétés sans bague au doigt et sans culpabilité34.
L’écriture d’une sexualité épanouie renverse les normes judéo-chrétiennes qui imposent aux femmes un devoir de pureté et de retenue et ouvrent un espace de pleine liberté où aucun fantasme ou désir n’inspire la honte. La mention que fait Caroline Dawson des femmes n’ayant pas la possibilité de jouir en toute liberté montre une volonté d’amener ces dernières avec elles dans la jouissance et de créer une atmosphère de solidarité où toutes les femmes ont droit au plaisir. À l’instar de Dawson, plusieurs des autrices contribuent à dessiner les contours d’un espace où le plaisir féminin est valorisé et encouragé.
Les violences sexuelles
En 2017, le mouvement de dénonciation des agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, #moiaussi ou #metoo, a mis en lumière le fléau des violences à caractère sexuel dans la société. Dès lors, les dénonciations ne pouvaient plus être considérées comme des exceptions à une règle générale : le respect du consentement éclairé en tout temps et en toutes circonstances. Les statistiques de l’INSPQ confirment ce constat alarmant puisque, dans plus de 90% 35 des cas, les victimes d’agressions sexuelles sont des filles ou des femmes. En effet, 11% d’entre elles vivent une agression avant leur majorité et ce chiffre atteint 33% pour les femmes adultes 36 . Les femmes ont donc une chance sur trois d’être victimes de violences à caractère sexuel au cours de leur vie. Cependant,ces chiffres sont nettement sous-estimés puisque seulement 5 à 6% des agressions sont signalées aux autorités 37 . Ainsi, bien que les statistiques concernant les violences subies par les hommes ne soient pas à négliger38 , il est possible de constater que les femmes sont plus affectées par ces violences. L’agression sexuelle est malheureusement une expérience commune s’inscrivant dans le champ des possibles d’un vécu féminin.
Par l’écriture du collectif Libérer la culotte, les autrices reconnaissent l’agression comme une possibilité liée à la trajectoire féminine. L’accumulation de témoignages relatant des expériences similaires amène la solidarisation. Elle révèle le caractère tristement commun que peuvent avoir de telles expériences qui, au cours d’une même existence, peuvent se répéter : « Sur une vie… Il y a en a eu un, mais aussi deux, voire dix épisodes. Peut-être même 30 39 ». Libérer la culotte offre aux femmes un espace où elles peuvent témoigner en sachant qu’elles seront accueillies adéquatement sans blâme, un espace où jamais on n’affirmera « Voyons! C’est pas si grave que ça! R’viens-en 40 » parce qu’« [on] ne peut parler de plaisir sans parler de violences 41 ».
En ouvrant la possibilité d’un accueil inconditionnel, le collectif devient un espace sécuritaire où les autrices peuvent faire le récit de leurs expériences de survivantes :
La première fois que c’est arrivé, j’ai été prise de court. J’ai été attrapée dans un coin par plusieurs mains. Il y a longtemps que j’ai appris à ne plus crier lorsque les coups pleuvent. Je n’ai pas crié pour les doigts. Une faible tentative de retenir les derniers lambeaux de ma dignité. J’ai perdu ma voix, mon cri, ma liberté, ma créativité, ma capacité de ressentir, d’être touchée dans mon âme par la vie et ses sensations 42.
Le partage d’expériences similaires brise l’isolement qui vient avec un tel vécu. Au sein de ce collectif, les agressions sexuelles ne sont plus reléguées à l’espace honteux du secret : elles se révèlent comme un enjeu dont la société doit se préoccuper.
En plus d’offrir une libération de la parole, l’écriture collective donne accès à un espace où les victimes se transforment en survivantes. Loin de vouloir être définies par leur vécu, elles mettent en commun des récits de survivance proposant des moyens d’apprendre à vivre avec ces expériences sans qu’elles ne dictent leur futur. Elles expriment le « besoin d’être [aimées] avec [leur] douleur, mais pas pour ça, […] avec [leur] peur, mais pas pour ça. Jusqu’à les voir fondre au soleil 43». Les autrices mettent en perspective un avenir où le processus de guérison aurait suivi son cours, donnant à voir la possibilité que la cicatrice, sans avoir disparu, soit moins apparente. Les récits des survivantes ouvrent une voie prometteuse où les femmes peuvent se réapproprier leur sexualité : « J’ai réappris le plaisir et le désir comme une enfant qui découvre le monde, ses splendeurs et ses saveurs. J’ai choisi d’ouvrir, de faire confiance et d’aimer, parce que le souvenir d’une autre moi avant les coups et les doigts existaient toujours 44 ».
La charge mentale
Les collectifs dirigés par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy dénoncent également la charge mentale vécue par les femmes. Il existe toujours une disparité concernant la distribution de la charge mentale dans un couple hétérosexuel :
[p]lus du tiers des couples ont indiqué que la femme était principalement responsable des tâches liées aux soins des enfants, et une proportion beaucoup plus faible a indiqué que ces tâches étaient exécutées principalement par l’homme. Cela donne à penser que, dans les ménages où les tâches liées aux soins des enfants ne sont pas partagées également, ce travail est effectué principalement par la femme45 .
Il en est de même pour les tâches ménagères intérieures comme la lessive, la vaisselle ou la préparation des repas : « Je ne sais pas comment danser dans ce ménage à faire, dans les soupirs à vivre, dans le sommeil à prendre à dose modérée 46. » À force, les pensées contraignantes de la narratrice à propos des tâches à faire la poussent à l’épuisement. Dans les collectifs contemporains, les autrices se solidarisent par l’écriture pour dénoncer la répartition inégale de la charge mentale tout en affirmant que cette dernière affecte la santé psychologique féminine de manière disproportionnée.
La mise en commun permet aux femmes de transformer leur fatigue individuelle en fatigue collective : « Rapidement, constant partagé : nous sommes tellement épuisé.e.s. Nous tentons d’arracher des lambeaux de ralentissement à nos agendas débordants. Nous trop fatigué.e.s pour inventer des solutions pour l’être moins. Trop fatigué.e.s pour écrire sur la fatigue 47. » La fatigue féminine devient visible et apparaît comme un problème social qui se doit d’être corrigé. D’ailleurs, les écrits dans le collectif Libérer la paresse dénoncent également le manque de considération auquel sont confrontées les femmes en situation d’épuisement, notamment dans la sphère professionnelle. Conditionnées socialement à être productives et à répondre aux besoins des autres, les femmes ont de la difficulté à prendre un temps d’arrêt pour s’occuper d’elle-même sans culpabilité : « Criss, je suis en train de faire un burnout de mon burnout. C’t’une fucking joke 48 . » Il n’en demeure pas moins que certains textes s’appuient sur des constats établis afin de proposer certaines pistes de solution visant à diminuer la pression sociale subie par les femmes dans leur milieu professionnel et domestique : « On finit tout ça, je reste calme, on est en retard anyway, cinq minutes de plus ne changeront rien. […] Chez nous, il n’y a plus de cadran49 .» Dans cet extrait, Geneviève Morand se permet d’insuffler de l’espoir dans un collectif sombre. Socialement, tout semble aller contre les avancées féministes qui dénoncent les doubles journées de travail : la carrière et les tâches domestiques. Par l’écriture du collectif, les autrices « [appellent] à une révolution tranquille50 », car « [l’épuisement des femmes] est politique. C’est une question de santé publique. Un enjeu économique 51 . »
La légitimation des émotions
Les collectifs contemporains se permettent de renverser les paradigmes symboliques des genres en se penchant sur les émotions traditionnellement associées aux femmes. Dans Libérer la colère, les créations littéraires des femmes revendiquent leur frustration face à certaines émotions essentielles qui leur sont inaccessibles : « On ne me l’a pas enseigné. Ma colère, mon droit à y recourir, on me l’a désenseigné, dénaturé, retiré : “ Ne te fâche pas comme ça. ” “Voyons, souris, ma belle.”52 » Socialement vues comme sensibles et douces, les femmes doivent réprimer leur fureur. L’expression d’émotions refoulées devient possible lors de la mise en commun des expériences dénonçant que « [l]a colère demeure un privilège masculin 53 . »
Apparaît donc un double standard emprisonnant les femmes. Ce phénomène s’illustre par un comportement qui n’est pas perçu de la même manière en fonction du genre de la personne :
Eh oui, la colère des hommes, de ceux qui, avec indignation, mettent leur poing sur la table, est digne des grands leaders. Moi ? Je passe pour une hystérique gravement atteinte, une créature gouvernée par ses humeurs… 54
Chez l’homme, la colère est interprétée comme un atout, signe de force et de leadership capable de mener les autres vers un avenir meilleur. À l’inverse, la colère féminine est dévalorisée : la femme qui l’exprime est fréquemment réduite à l’image de l’hystérique, jugée excessive et irrationnelle. Ses propos seront alors moins pris au sérieux que ceux de son homologue masculin, car une femme dite « trop émotive » est perçue comme instable et indigne de confiance. Les autrices remettent en question le stéréotype de la femme hystérique pour le remplacer par celui d’une femme forte qui se permet d’aller à l’encontre des émotions socialement proscrites : « je comprends que cette fureur au féminin n’est pas fataliste, mais qu’elle est incroyablement puissante, riche et, surtout, collective. Elle est tout comme une fin en soi 55 ».
La mise en collectifs des voix féminines en colère légitimise cette émotion au même titre que la tristesse ou la joie. Grâce à cette écriture portée par la colère, les femmes s’autorisent à exprimer leurs émotions avec la même validité que les hommes, rappelant qu’il s’agit d’un besoin humain fondamental.
La force de la collectivité
L’expression solidaire de la colère féminine au même titre que les autres revendications mentionnées dans les collectifs de Morand et de Roy se transforment petit à petit en une vague militante féministe qui érige la collectivité en symbole du changement : « Individuellement, ça ne marche pas. Il faudra que ce soit collectif56. » Cette force permet un soulèvement militant, car la mise en commun des expériences et des voix féminines permet aux femmes de se tenir debout alors que normalement « se taire c’est moins exigeant que s’élever57. » L’accumulation de l’écriture accorde une plus grande crédibilité aux voix féminines qui soulèvent des enjeux sociaux encore actuels comme la charge mentale, l’iniquité du travail du care, la double journée de travail, la disparité orgasmique, les violences sexuelles et le refoulement de certaines émotions. De plus, les trois collectifs dirigés par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy dénoncent le « manque de modèles58 » révolutionnaires féminins dans la société québécoise. Les collectifs féminins québécois contemporains dénoncent l’inaction face aux problèmes sociaux tout en revendiquant le statut de femmes insoumises qui reprennent le contrôle de leurs émotions, leur corps et leur vie tout en se détachant des normes sociales : « Car être paresseuse, c’est être hors du système de performance : c’est être libre. Et les personnes libres font peur, elles agissent à leur gré, n’obéissent pas aux règles et refusent le travail forcé. Insoumises 59 ».
Conclusion
Plus que les insoumises elles-mêmes, c’est leur refus d’obtempérer qui ébranle le système traditionnellement patriarcal. Les autrices écrivent tout haut ce que toutes vivent tout bas. Portées par la force du nombre, ces féministes dénoncent les attentes irréalistes d’une société qui tend à perpétuer un ordre social patriarcal. Simone de Beauvoir affirme « qu’on ne nait pas femme : on le devient60 ». Ce sont ces injonctions forcées à la féminité que remettent en question les autrices des collectifs dirigés par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy. Clamant qu’elles n’en peuvent plus, qu’elles ont droit au plaisir, à la sécurité et à la quiétude, ces femmes parlent au nom de toutes celles qui sont trop fatiguées pour mettre des mots sur leur épuisement. L’acte d’écrire ensemble devient alors une main tendue vers l’autre, « Un acte de résistance. Un geste de liberté. Pas égoïste ni secondaire. Absolument vital61». Les voix unies sont revendicatrices de liberté, d’émancipation. Si Virginia Woolf considère qu’il faut un lieu à soi pour écrire, peut-être faut-il un groupe à soi pour que l’écriture devienne le lieu de toutes les libertés.
- Le Théâtre des Cuisines, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage !, Montréal, Remue-Ménage, coll. « La nef », 2020 [1976], p. 68. ↩︎
- Andréanne Graton et Gaelle Graton, « Et si Dieu était une femme capable d’orages ? » dans Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy (dir.), Libérer la colère, Montréal, Remue-Ménage, 2021 [2018], p. 153. ↩︎
- Toutes les informations de ce passage sont tirées de la soucre suivante : Josiane Lavallée, « Femmes et Révolution tranquille », dans L’Encyclopédie canadienne, en ligne, <https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/femmes-et-revolution-tranquille>, consulté le 27 avril 2025. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Isabelle Boisclair, Ouvrir la voie/x. Le processus constitutif d’un sous-champ littéraire féministe au Québec (1960-1990), Montréal, Nota Bene, 2004, p. 125-126. ↩︎
- Ibid., p. 127. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Charlotte Comtois, Quelle place pour les femmes dans le champ littéraire et dans le monde du livre au Québec ?, [rapport de recherche], novembre 2019, en ligne, <https://www.uneq.qc.ca/wp-
content/uploads/2019/11/Rapport_Egalite%CC%81-hommes-femmes_novembre2019.pdf>, consulté le 29 avril 2025, p. 14. ↩︎ - Isabelle Boisclair, Ouvrir la voie/x. Le processus constitutif d’un sous-champ littéraire féministe au Québec (1960-1990), op. cit., p. 180. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Charlotte Comtois, Quelle place pour les femmes dans le champ littéraire et dans le monde du livre au Québec ?, op. cit., p. 10. ↩︎
- Ibid., p. 30. ↩︎
- Marie-Pier Lafontaine, Armer la rage. Pour une littérature de combat, Montréal, Héliotrope, 2022, p. 69. ↩︎
- Virginia Woolf, Un lieu à soi, trad. Marie Darrieussecq, Paris, Gallimard, 2016 [1929], p. 78-79. ↩︎
- Isabelle Boisclair, Ouvrir la voie/x. Le processus constitutif d’un sous-champ littéraire féministe au Québec (1960-1990), op. cit., p. 152. ↩︎
- Marie-Jeanne Eid, « Causerie avec Martine Delvaux : Les États-Unis, c’est le boys club à la puissance 20 », dans Le Collectif, 16 février 2025, en ligne, <https://lecollectif.ca/campus/causerie-avec-martine-delvaux-les-etats-unis-cest-le-boys-club-a-la-puissance-20/>, consulté le 29 avril 2025. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Geneviève, Morand « Se faire violer » dans Geneviève Morand et Nathalie-Ann Roy (dir.), Libérer la colère, Montréal, Remue-Ménage, 2021 [2018], p. 33. ↩︎
- Geneviève Morand, « Pour une nouvelle révolution sexuelle » dans Geneviève Morand et Nathalie-Ann Roy (dir.), Libérer la culotte, Montréal, Remue-Ménage, 2021, p. 17. ↩︎
- Lili Boisvert, Le principe du cumshot : le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels, Montréal, VLB, 2017, p. 205. ↩︎
- Ibid., p. 203. ↩︎
- Ibid., p. 204. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Geneviève Morand, « Pour une nouvelle révolution sexuelle », loc. cit., p. 17. ↩︎
- Lili Boisvert, Le principe du cumshot : le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels, op. cit., p. 204. ↩︎
- Ibid., p. 204-205. ↩︎
- Ibid., p. 205. ↩︎
- Laima A. Gérald, « Fake News », dans Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy (dir.), Libérer la culotte, Montréal, Remue-Ménage, 2021, p. 46. ↩︎
- Véronique Pion, « Fantasme buissonnier », Libérer la culotte, loc. cit., p. 147. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Catherine Dorion, « Un état de platitude », Libérer la culotte, loc. cit., p. 158. ↩︎
- Ibid., p. 157. ↩︎
- Ibid., p. 159. ↩︎
- Caroline Dawson, « Despacito », Libérer la culotte, loc. cit., p. 111-112. ↩︎
- Statistiques sur la violence sexuelle, Institut national de santé publique du Québec, en ligne, <https://www.inspq.qc.ca/violence-
sexuelle/statistiques#:~:text=Depuis%202014%2C%20les%20taux%20d,de%2034%20%253%2C5>, consulté le 3 mai 2025. ↩︎ - Idem. ↩︎
- Idem. ↩︎
- 4% des jeunes garçons sont victimes de violence sexuelle avant d’atteindre l’âge adulte et 9% des hommes sont victimes d’agression sexuelle à l’âge. Les hommes ont donc une chance sur dix de vivre une agression au cours de leur vie : Statistiques sur la violence sexuelle, Institut national de santé publique du Québec, en ligne, <https://www.inspq.qc.ca/violence-
sexuelle/statistiques#:~:text=Depuis%202014%2C%20les%20taux%20d,de%2034%20%253%2C5>, consulté le 3 mai 2025. ↩︎ - Natalie-Ann Roy, « #metoo ? #Moiaussi », Libérer la culotte, loc. cit., p. 79. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Geneviève Morand, « Pour une nouvelle révolution sexuelle », loc. cit., p. 19. ↩︎
- Marie-Laure Landais, « trop de doigts dans mes culottes », Libérer la culotte, loc. cit., p. 95. ↩︎
- Rachel Bergeron, « Transes », Libérer la culotte, loc. cit., p. 89-90. ↩︎
- Ibid., p. 96. ↩︎
- Kristyn Frank et Marc Frenette, « Perceptions des couples quant à la répartition des tâches domestiques et des tâches liées aux soins des enfants : existe-t-il des différences entre les groupes sociodémographiques ? », dans Statistique Canada, en ligne, <https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2021003-fra.htm>, consulté le 2 mai 2025. ↩︎
- Gabrielle Boulianne-Tremblay, « La mère indigne des cactus », dans Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy (dir.), Libérer la paresse, Montréal, Remue-Ménage, 2024, p. 135. ↩︎
- Geneviève Morand, « La paresse est-elle libérale ? », Libérer la paresse, loc. cit., p. 15. ↩︎
- Natalie-Ann Roy, « Running on empty but still having to run », Libérer la paresse, loc. cit., p. 38. ↩︎
- Geneviève Morand, « Mes enfants n’atteindront pas le sommet », Libérer la paresse, loc. cit., p. 245-246. ↩︎
- Geneviève Morand, « La paresse est-elle libérale ? », loc. cit., p. 19. ↩︎
- Idem. ↩︎
- Natalie-Anne Roy, « Une grosse brosse sale », Libérer la colère, loc. cit., p. 36. ↩︎
- Marilyse Hamelin, « Cacher cette colère que je ne saurai voir », Libérer la colère, loc. cit., p. 59. ↩︎
- Ibid., p. 59. ↩︎
- Andréanne Graton et Gaëlle Graton, « Et si Dieu était une femme capable d’orages », Libérer la colère, loc. cit., p. 152. ↩︎
- Geneviève Morand, « La paresse est-elle libérale ? », loc. cit., p. 17. ↩︎
- Geneviève Morand, « Congédiée à vie », Libérer la paresse, loc. cit., p. 49. ↩︎
- Geneviève Morand, « La paresse est-elle libérale ? », loc. cit., p. 20. ↩︎
- Shirley Rivet, « Revendiquer la paresse », Libérer la paresse, loc. cit., p. 213. ↩︎
- Simone de Beauvoir, « Le deuxième sexe tome II : l’expérience vécue », Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1986, p. 6. ↩︎
- Conradi, Alexa, « Assumer le rôle de trouble-fête », dans Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy (dir.), Libérer la colère, Montréal, Remue-Ménage, 2021 [2018], p. 178. ↩︎
BIBLIOGRAPHIE
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